3 Questions à Sandra Barantal, chercheuse en écologie des sols
La biodiversité des sols joue un rôle majeur dans le fonctionnement des écosystèmes terrestres et la fourniture de services écosystémiques. Elle aussi essentielle et fascinante que vulnérable et souvent ignorée. QUBS, le programme de suivi participatif de la QUalité Biologique des Sols permet à toutes et tous de découvrir cette vie cachée sous nos pieds. QUBS propose un protocole inspiré de l’existant (Jardibiodiv) et un totalement nouveau :
- le protocole “Aspifaune” pour collecter la faune visible à la surface du sol à l’aide d’un aspirateur à confectionner soi-même.
- le protocole “Noctambules” pour collecter la faune active la nuit en insérant un gobelet dans le sol.
Prochainement le protocole Opération Escargot de l’Observatoire de la Biodiversité au Jardin intégrera QUBS, ainsi qu’un protocole pour l’observation des vers de terre.
Ces protocoles sont à découvrir à l’aide d’une clé de plus de 400 espèces ou groupes d’espèces. Les données récoltées aideront à mieux comprendre les effets de l’environnement sur la diversité et l’activité de la faune des sols.
Sandra Barantal, chercheuse en écologie des sols, a accepté de nous en dire plus :
1/ Qu’est ce qui a motivé ce projet ? Quel en est l’objectif ?
Il existe un besoin fort d’améliorer et diffuser les connaissances sur les sols. D’un point de vue scientifique, on manque cruellement de données en particulier dans certains espaces comme les jardins ou les espaces verts urbains, alors même que l’urbanisation galopante fait partie des principales menaces qui pèsent sur les sols et ses habitants. Ces connaissances sont pourtant nécessaires pour réduire l’impact de l’urbanisation sur la biodiversité des sols et promouvoir une gestion durable des sols des villes et périphéries. Cette biodiversité est aussi souvent ignorée car elle est difficile à observer, les organismes étant petits et “cachés”. La faire découvrir au plus grand nombre est essentielle pour sensibiliser aux enjeux liés à sa préservation.
2/ Qui est impliqué, comment s’est construite la plateforme ?
QUBS est issu du programme de recherche BISES « Biodiversité des sols urbains et services écosystémiques » financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), impliquant une dizaine de partenaires français. Plusieurs d’entre eux ont pris en charge le développement du programme participatif : des chercheur.ses en écologie des sols spécialistes de l’écologie des sols urbains et/ou de la faune des sols, des spécialistes des sciences participatives porteurs de programmes existants (Vigie Nature, Particitae, Jardibiodiv) et spécialistes du développement de plateformes de participation MOSAIC et l’association Plante & Cité.
Le développement de QUBS a été très collaboratif : chaque partenaire a pu apporter son expertise. Nous avons aussi cherché à inclure le public en soumettant nos protocoles à une phase de test : les retours des volontaires nous ont aidé à les améliorer et sélectionner. La richesse des échanges au sein du projet et avec le public nous a permis de développer des méthodes et outils à la fois ludiques et robustes scientifiquement.
3/ Quels seront les résultats attendus, et en quoi l’utilisation des sciences participatives est un plus pour le projet ?
Nous espérons une participation massive ! La participation des citoyens en multipliant les lieux et des moments de collecte permettra de renseigner au mieux la base de données et construire ainsi un référentiel de la qualité biologique des jardins et d’une partie des sols végétalisés des villes. Pour évaluer la qualité biologique d’un sol, il faut pouvoir comparer les données obtenues à des valeurs de référence qui dépendent de l’usage du sol, de sa localisation géographique, du climat etc…De nombreuses données sont nécessaires pour construire ce référentiel d’interprétation.
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