14e Assises Nationales de la Biodiversité : Comment l’analyse de nos émotions face à l’obscurité peut influencer une politique publique de l’extinction de l’éclairage

Le mercredi 18 septembre 2024 a été l’occasion, pour la 14e édition des Assises de la Biodiversité à La Rochelle, de faire une rétrospective sur l’expérimentation SPOT (Sciences Participatives Obscurité et Territoires), lancée en 2022. Les élues Sophie Le Dréan-Quenec’hdu (2ème adjointe : Environnement et Cadre de vie – Transition écologique et énergétique – Conseillère communautaire) et Agnès Séjournet (3e adjointe déléguée au défi climatique, à la transition écologique, aux mobilités et à la nature en ville) sont revenues sur la co-construction d’une politique publique d’extinction de l’éclairage dans les villes de Melesse et Libourne.

L’enjeu de ce projet ? Permettre aux habitant·e·s de coconstruire avec leurs élu·e·s une politique publique sur l’extinction de l’éclairage nocturne. Sont-iels favorables à une extinction des lumières dans les rues de leur commune ? L’ensemble des rues, certains quartiers ? Sur quel horaire ? Autant de questions qui ont mobilisé les habitant·e·s de Melesse et de Libourne.

Céline Pelletier (cheffe de projet Mosaic ayant piloté SPOT) est revenue sur le protocole co-conçu avec des chercheur·euse·s en sciences sociales et en psychologie de la nature. Cet évènement a également permis un dialogue sur le devenir et l’importance des sciences participatives pour nos sociétés avec l’intervention de Louis Henry (Responsable ville et transformations, Institut Caisse des Dépôts pour la Recherche).

De gauche à droite : Emmanuelle Gonzalez, Agnès Séjournet, Sophie Le Dréhan-Quenec’hdu, Louis Henry, Céline Pelletier

Ainsi, Céline Pelletier a débuté cette table ronde en rappelant le lancement et la mise en place du protocole de SPOT, programmé dans le cadre du consortium ISEED (Inclusive Science and European Democracies), financé par la Commission Européenne pour renforcer la participation citoyenne dans le débat public. Les élues des deux villes choisies pour l’expérimentation nous ont livré leurs ressentis et bilans, entre succès et points d’amélioration.

Elles ont évoqué la particularité de ce projet qui repose sur son protocole inhabituel. En effet, les participant·e·s ont été amené·e·s à analyser leurs propres émotions pour mieux comprendre comment leur rapport à l’obscurité modifiait leur perception de l’extinction des lumières (N.B. : pour cela, un souvenir d’enfance (avant 12 ans) lié à l’obscurité a été demandé aux participant·e·s).

Elles sont également revenues sur la communication autour du projet ; les élues ont relevé l’importance de rencontrer en amont les habitant·e·s afin de jauger leur intérêt pour le projet.  Sophie Le Dréhan-Quenec’hdu a fait valoir l’intérêt d’« accompagner la participation en ligne » avec des animations et communications soutenues pour une bonne compréhension du sujet. Toutefois, comme l’a souligné Agnès Séjournet, la communication ne se déroulait pas uniquement à travers les écrans. L’élue de Libourne a relevé qu’une initiative spontanée, à savoir une balade nocturne improvisée, avait réussi à mobiliser un bon nombre de participant·e·s en peu de temps ; et la surprise ne s’est pas arrêtée là puisque l’extinction des lumières a même pu être appliquée sur la durée, dans le cadre de la crise énergétique survenue durant l’été 2022.

Pour Agnès Séjournet, SPOT a vivement contribué à cette décision « L’expérimentation a sans doute permis de faire mieux accepter les extinctions qui ont eu lieu par la suite pour des raisons énergétiques ». L’objet de cette expérimentation a comporté de nombreux avantages comme en conclut l’élue de Libourne « Cette extinction permet de faire des économies énergétiques mais également budgétaires ».

La table ronde s’est clôturée sur l’intervention de Louis Henry qui a insisté sur l’importance des sciences participatives dans un contexte où « la culture scientifique en France s’est effondrée ». « Les sciences participatives s’appuient sur des faits précis » afin de faire progresser la recherche mais également l’être humain en tant que membre de la biodiversité à part entière, pour un monde davantage viable et sans doute meilleur. Cette table ronde a également permis d’émettre l’idée d’intégrer les arts et les lettres dans les processus démocratiques comme leviers d’engagement citoyen afin d’éveiller nos imaginaires pour partager le rêve d’une planète plus durable.

Nous tenons à remercier chaleureusement celles et ceux qui ont participé à notre table ronde !